lunes, 28 de septiembre de 2020

Cada uno su ilusión

 

René Girard sur Antigone

 


René Girard. (...) La lecture non sacrificielle que je propose ne cherche nullement à effacer des Évangiles les passages qui nous présentent la mort du Christ comme dévouement absolu aux disciples et à l'humanité entière: "Il n'est pas de plus grande preuve d'amour que de mourir pour ses amis" (Jn 15, 13). Remarquons une fois de plus que jamais dans les Évangiles cette preuve n'est définie comme sacrifice. Chez Paul, ce sont des expressions comme "œuvre d'amour" ou "œuvre de grâce" qui lui peuvent être considérés comme métaphoriques en raison de l'absence de toute théorie proprement sacrificielle, analogue à celle de l'Épître aux Hébreux ou à toutes les théories subséquentes.

Le recours au jugement de Salomon permet de traiter comme elle mérite de l'être l'objection dérisoire de masochisme machinalement opposée par les courtiers en démystification à la notion chrétienne du dévouement jusqu'à la mort. 

 

Guy Lefort: Dans la littérature tragique, il existe un texte, je pense, qu'on peut rapprocher du jugement de Salomon et un personnage qu'on peut comparer à la "bonne prostituée"; c'est Antigone.

 

René Girard: Notons d'abord qu'au début d'Antigone, on se trouve "comme d'habitude" chez les tragiques et les prophètes, au paroxysme de la violence réciproque. C'est cela, il me semble, que symbolise, ou désymbolise, la mort simultanée d'Etéocle et de Polynice, l'impossibilité de différencier jusque dans la mort. On ne peut jamais dire ou nier quoi que ce soit d'un des deux frères sans qu'il ne faille aussitôt le dire ou le nier de l'autre. Tout le problème de la violence est là. C'est bien pourquoi Créon entend différencier les frères ennemis; mais il est frappant de constater qu'au ébut de son premier discours dans Antigone, il donne une formule analogue à celles qu'on trouve aussi chez Eschyle et chez Euripide et qui dit, justement, l'impossibilité de toute différence: 

Dans leur double destin, les deux frères ont péri en un seul jour, donnant et recevant les coups de leurs bras iniques.

Euripide, lui, termine ainsi dans les Phéniciennes la description du combat: 

... la poussière aux dents, et chacun meurtrier de l'autre, ils gisent côte à côte, et le pouvoir entre eux n'est pas déapartagé.

En bon chef d'État, comme l'Ulysse de l'Odysée et le Caïphe de l'Évangile, Créon voudrait bien mettre fin à la peste des doubles et il sait qu'il ne peut y parvenir qu'en maudissant un des deux frères et en bénissant l'autre, exactement comme le vieil Isaac dans l'histoire tout à fait parallèle de la bénediction de Jacob.

Si Créon exige que les Thébains soient unanimes, dans leur exécration de Polynice, c'est parce qu'il reconnaît que seule l'unanimité peut conférer à la victime émissaire le pouvoir de restructurer la communauté.

 C'est pourquoi Créon ne peut pas tolérer le  comportement d'Antigone. Antigone s'oppose au mensonge mythologique; elle dit que les doubles sont identiques et qu'il faut les traiter l'un et l'autre de la même façon. Elle dit la même chose, en somme, que le Christ et c'est comme lui qu'elle doit mourir, expulsée elle aussi par la communauté.

Simone Weil, avec son intuition admirable, a reconnu dans Antigone la figura Christi la plus parfaite de tout le monde antique. Elle a mis l'accent sur le vers prodigieux que Sophocle met dans la bouche de son héroïne et qui énonce la vérité de la cité des hommes. Ce vers qu'on traduit généralement par: "Je ne suis pas née pour partager la haine mais l'amour" signifie littéralement: "Non pour haïr ensemble mais pour aimer ensemble, je suis née." La cité des hommes n'est un aimer ensemble que parce qu'elle est aussi un haïr ensemble et c'est ce fondement de haine qu'Antigone, comme le Christ, amène au jour pour le répudier.

A Créon qui ne peut que lui répéter la vieille scie de toutes les cultures humaines: "On ne peut quand même pas traiter les amis comme les ennemis" (lui qui avouait un peu plus tôt la non-différence des deux frères). Antigone répond: "Qui sait si les dieux, en dessous de nous [en dessus de nous?] veulent vraiment cela? (cette différence que tu réclames entre les bons et les méchants)." 

Ce vers suggère ce que les Évangiles rendent complèttemnt explicite: si la divinité existe, elle ne peut pas s'intéresser aux querelles des doubles.

Si grand que soit le texte de Sophocle, on ne peut pourtant pas, selon moi, la mettre sur le même plan que le texte du jugement de Salomon. C'est dans le contexte des rites funéraires refusés par Créon à Polynice qu'Antigone élève sa protestation. Ce n'est pas pour un enfant vivant, comme la prostituée du livre des Rois, qu'elle accepte de mourir, c'est pour un être déjà mort; et à cause de cela, le texte d'Antigone échappe plus difficilement que celui des Rois à une définition sacrificielle. Il n'a pas la même puissance de révélation. La différence entre le texte tragique et le texte biblique, c'est au texte évangelique, bien entendu, qu'il faut demander de la ddéfinir. Seul le texte tragique est passible d'une observation qui revèle ici son sens: Il faut laisser les morts enterrer les morts (Mt 8, 22).

Il est regrettable, assurément, que la puissance d'attention de Simone Weil ne se soit jamais orientée vers les grands textes de l'Ancien Testament. Elle en était empêchée par sa fidélité aux pires aberrations du milieu intellectuel dont elle faisait partie. Tous ses maîtres, comme le philosophe Alain, étaient des humanistes hellénisants qui lui ont inculqué à l'égard du texte biblique l'espèce d'horreur sacrée qui caractérise la pensée moderne dans son ensemble, à quelques exceptions près, genéralement discréditées et privées de toute influence.

 

 

 (René Girard et al., Des Choses cachées depuis la fondation du monde (Le Livre de Poche), 348-51).

 

—oOo—

World Political Theatre and Performance

 

World Political Theatre and Performance: Theories, Histories, Practices, edited by Mireia Aragay, Paola Botham and José Ramón Prado-Pérez (Brill, 2020).

The volume is a collection of essays from the Political Performances Working Group at the International Federation for Theatre Research (IFTR), organised in two sections: ‘Activist Theatres/Performances Past and Present’ and ‘Contemporary (Debates on) Political Theatre’. The contributors are: Julia Boll, Paola Botham, Marco Galea, Aneta Głowacka, Pujya Ghosh, Camila González Ortiz, Bérénice Hamidi-Kim, Fatine Bahar Karlıdağ, Madli Pesti, José Ramón Prado-Pérez, Trish Reid, Mikko-Olavi Seppälä, Andy Smith, Evi Stamatiou and Wei Zheyu. Full details are available on the following link: https://brill.com/view/title/57109?language=en

domingo, 27 de septiembre de 2020

Nineteenth-century English Drama

 

Garrick, Shakespeare, y la paradoja del comediante

 

Sheridan - The Rivals (BBC)

Sheridan, Richard Brinsley. The Rivals. TV play (BBC 2 Theatre Night, c. 1985). YouTube (Tony Clout) 23 Dec. 2018.*

         https://youtu.be/Rc6edQHwRII

         2020

 

 



Pelea de guiñoles

 

Il y a longtemps que je t'aime

Retropost, 2010: Il y a longtemps que je t'aime 

https://vanityfea.blogspot.com/2010/09/il-y-longtemps-que-je-taime.html

 

—oOo—

viernes, 25 de septiembre de 2020

Turkish Serials & History

 

Erol Isik, Nuran. "Evaluating Narrativization Practices in Turkish TV Serials as a Venue of Popular Historiography." Türkiye İletişim Araştırmaları Dergisi 34 (2019): 183-95. (Resurrection, You Are My Homeland, Yunus Emre).

         DOI 10.17829/turcom.518871

         Online at Academia.*

         https://www.academia.edu/42688954/

         2020


Drama from the beginning of the 18th century

 

lunes, 21 de septiembre de 2020

J. María Pou y Moby Dick

Muere Gerardo Vera

 

No-Body and Some-Body

 

No-Body and Some-body. With the true Chronicle History of Elydure, who was fortunately three seuereall times crowned King of England. The True Copie thereof, as it hath beene acted by the Queens Maiesties Seruants. Printed for Iohn Trundle and are to be sold at his shop in Barbican, at the signe of No-body. (Play revised for Henslowe in 1602).


Así te quieren los políticos: borrego y sumiso | InfoVlogger

EL SINIESTRO TEATRO DE LA MASCARILLA OBLIGATORIA

 

domingo, 20 de septiembre de 2020

How to Do Shakespeare

Un Baile de Mascarillas

 

Hamletlet

Performativity and Abjection


From the Introduction to Judith Butler's Bodies That Matter (p. 14-16):


... the symbolic law in Lacan can be subject to the same kind of critique that Nietzsche formulated of the notion of God: the power attributed to this prior and ideal power is derived and deflected from the attribution itself. It is this insight into the illegitimacy of the symbolic law of sex that is dramatized to a certain degree in the contemporary film Paris Is Burning: the ideal that is mirrored depends on that very mirroring to be sustained as an ideal. And though the symbolic appears to be a force that cannot be contravened without psychosis, the symbolic ought to be rethought as a series of normativizing injunctions that secure the borders of sex through the threat of psychosis, abjection, psychic unlivability. And further, that this "law" can only remain a law to the extent that it compels the differentiated citations and approximations called "feminine" and "masculine." The presumption that the symbolic law of sex enjoys a separable ontology prior and autonomous to its assumption is contravened by the notion that the citation of a law is the very mechanism of its production and articulation. What is "forced" by the symbolic, then, is a citation of its law that reiterates and consolidates the ruse of its own force. What would it mean to "cite" the law to produce it differently, to "cite" the law in order to reiterate and coopt its power, to expose the heterosexual matrix and to displace the effect of its necessity?

The process of that sedimentation or what we might call materialization will be a kind of citationality, the acquisition of being through the citing of power, a citing that establishes an originary complicity with power in the formation of the "I." 

In this sense, the agency denoted by the performativity of "sex" will be directly counter to any notion of a voluntarist subject who existes quite apart from the regulatory norms whih she/he opposes. The paradox of subjectivation (assujetissement) is preciesely that the subject who would resist such norms is itslef enaled, if not produced, by such norms. Although this constitutive constraint does not foreclose the possibility of agency, it does locate agency as a reiterative or rearticulatory practice, immanent to power, and not a relation of external opposition to power. 

As a result of this reformulation of performativity, (a) gender performativity cannot be theorized apart from the forcible and reiterative practice of regulatory sexual regimes; (b) the account of agency conditioned by those very regimes of discourse/power cannot be conflated with voluntarism or individualism, much less with consumerism, and in no way presupposes a choosing subject; (c) the regime of heterosexuality operates to circumscribe and contour the "materiality" of sex, and that "materiality" is formed and sustained through a materialization of regulatory norms that are in part those of heterosexual hegemony; (d) the materialization of norms requires those identificatory processes by which norms are assumed or appropriated, and these identifications precede and enable the formation of a subject, but are not, strictly speaking, performed by a subject; and (e) the limits of constructivism are exposed at those boundaries of bodily life where abjected or delegitimated bodies fail to count as "bodies." If the materiality of sex is demarcated in discourse, then this demarcation will produce a domain of excluded and delegitimated "sex." Hence, it will be as important to think about how and to what end bodies are constructed as it is will be to think about how and to what end bodies are not constructed and, further, to ask after how bodies which fail to materialize provide the necessary "outside," if not the necessary support for the bodies which, in materializing the norm, qualify as bodies that matter.

How, then, can one think thorugh the matter of bodies as a kind of materialization governed by regulatory norms in order to ascertain the workings of heterosexual hegemony in the formation of what qualifies as a viable body? How does that materialization of the norm in bodily formation produce a domain of abjected bodies, a field of deformation, which, in failing to qualify as the fully human, fortifies those regulatory norms? What challenge does that excluded and abjected realm produce to a symbolic hegemony that might force a radical rearticulation of what qualifies as bodies that matter, whays of living that count as "life," lives worth protecting, lives worth saving, lives worth grieving?


[Note: Whatever the implications of her argument, its scope is restricted in Judith Butler's book Bodies that Matter to issues of 'gender bending', transsexuality, intersecuality, etc.— NOT to issues like abortion or animalism which might lead to alternative reflections on which bodies matter, which bodies are abjected, etc.]

 

Denying the Ungrieved, and the Unborn, a Life

—and even a mention


—oOo—

Adrian Lester on Othello

 

The Psychiatrist Is In

A History of the World in 15 Minutes

La cultura blog

 

martes, 8 de septiembre de 2020

Théâtre, Savoir, Politique

Death of Ronald Harwood

Keeping Up with the Kardashians

 

La pulga y el campesino

John Malkovich en los Teatros del Canal

 

Pandemia de pánico

 Vanity Fea: Pandemia de Pánico https://vanityfea.blogspot.com/2020/09/pandemia-de-panico.html

La Pasión

 

martes, 1 de septiembre de 2020

Misiles Melódicos