Así empieza el capítulo primero de L'Antechrist, de Ernest Renan (1873):
Les temps étaient étranges, et jamais peut-être l'espèce humaine n'avait traversé de crise plus extraordinaire. Néron entrait dans sa vingt-quatrième année. La tête de ce malheureux jeune homme, placé à dix-cept ans par une mère scélérate à la tête du monde, achevait de s'égarer. Depuis longtemps bien des indices avaient causé l'inquiétude à ceux qui le connaissaient. C'était un esprit prodigieusement déclamatoire, une mauvaise nature, hypocrite, légère, vaniteuse; un composé incroyable d'intelligence fausse, de méchanceté profonde, d'égoïsme atroce et sournois, avec des raffinements inouïs de subtilité. Pour faire de lui ce monstre qui n'a pas de second dans l'histoire et dont on ne trouve l'analogue que dans les annales pathologiques de l'échafaud, il fallut cependant des circonstances particulières. L'école de crime où il avait grandi, l'exécrable influence de sa mère, l'obligation où cette femme abominable le mit presque de débuter dans la vie par un parricide, lui firent bientôt concevoir le monde comme une horrible comédie, dont il était le principal acteur. A l'heure où nous sommes, il s'est détaché complétement des philosophes, ses maîtres; il a tué presque tous ses proches, mis à la mode les plus honteuses folies; une partie de la société romaine, à son exemple, est descendue au dernier degré de la dépravation. La dureté antique arrivait à son comble; la réaction des justes instincts populaires commençait.
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